Salon Vieux-Laque

Après le décès de François Stéphane, Marie-Thérèse ne quitta plus jamais le deuil. Dans le livre de prières de l’impératrice, on trouva, après sa mort, un billet où elle avait consigné avec précision la durée de son heureuse union : « 29 ans, 6 mois. 6 jours, ce qui fait 29 ans, 335 mois, 1 540 semaines, 10 781 jours, 258 744 heures ». Un témoignage très touchant et personnel du grand amour que portait l’impératrice à son époux.

Le nom de cette pièce se réfère aux panneaux de laque noir et or venus de Chine, réalisés grâce à une technique de dorure de la laque. La conception de cette décoration coûteuse est attribuée à l’architecte Isidor Canevale (ou Ganneval). Fabriqués à l’origine comme paravents pour le marché européen, ces panneaux furent découpés puis leurs différents éléments insérés dans les lambris en noyer parés de riches décors dorés. Le type de tracé formé par les cadres annonce déjà le passage du rococo au Nouveau classicisme, connu en France sous le nom de « goût grec ».

Marie-Thérèse fit également exécuter trois tableaux pour cette salle commémorative : au milieu se trouve le portrait de François I^er Stéphane ; à droite un double portrait de leur fils aîné Joseph et de son frère Léopold. Sur ce tableau, vous distinguerez devant Joseph, sur la table à droite, un exemplaire de « L’Esprit des Lois » de Montesquieu : un des livres majeurs du siècle des Lumières. C’est ce courant de pensées qui inspira toutes les ambitions et les réformes du jeune empereur.

Le troisième tableau montre Marie-Louise d’Espagne, épouse de Léopold avec les premiers de leur seize enfants ; dont, en robe violette, le futur empereur François II / François I^er alors qu’il était encore très jeune. La représentation de trois générations de la dynastie dans cette même pièce avait pour but d’illustrer la perpétuation de la maison des Habsbourg-Lorraine, une préoccupation très chère à Marie-Thérèse.